Dans un rapport frontal épuré et radical, cette création qui part de la correspondance entre un homme skipper faisant la course au large et sa femme, skipper également, mais restée à terre car enceinte de plusieurs mois, débute dans un temps présent comme une mise en abime naturaliste entre terre et mer pour se terminer dans un futur sous l’eau – au sens propre comme au figuré.

La première partie de la pièce voit se déployer, de manière ludique et drôle, la correspondance de plusieurs mois d’un couple qui doit mener de front le passage du Cap Horn et la naissance à venir d’un premier enfant.

La disparation de ce skipper en mer à quelques jours de la fin de la course, laissera place quelques années plus tard à la parole d’un homme triton, vivant sous l’eau depuis longtemps et qui, tous les 4 ans, regarde et commente la course du Vendée du Globe d’en dessous dans l’espoir de voir passer la femme qu’il aime, sans savoir que cette année, plus de vingt ans après sa disparition, c’est son fils qu’il va voir passer…

L’écriture de mise en scène est volontairement épurée et frontale et cette mise en scène ramène l’art théâtral a son champs d’expression le plus pur et le plus radical en créant des images poétiques de plateau très puissantes sans quasiment aucun décor.

Deux comédiens et une comédienne portent les mots de l’autrice dans un espace de jeu où seul le travail des costumes, de la lumière et la création d’un paysage sonore sensible et inspirant, portent l’imaginaire du public au large des côtes atlantiques et bien au-delà !

C’est un geste de mise en scène radical tout entier au service du texte et des interprètes.

Laurent Brethome